Tous ces trucs que les groupes indés ne captent presque jamais

La musique est une des rares choses qu’il soit permis d’apprécier de façon universelle, sans nécessairement de code ou théorie à se fader pour y avoir accès. Ainsi, il n’est pas étonnant de voir des métalleux brésiliens avoir du succès en Allemagne, et même si ça peut paraître surprenant, on peut imaginer que votre groupe de reprises de Nicole Croisille version punk- musette soit un beau jour plébiscité au Japon. Le son reste une émotion, qui plaît ou pas.

Cependant d’un pays à l’autre, les groupes n’ont pas nécessairement la même approche du métier et les Anglo-Saxons se démarquent souvent de nous à ce niveau. Comme il nous arrive de trainer nos guêtres du versant ohmygoooodesque de l’Atlantique, voici quelques traits qui représentent plutôt bien l’état d’esprit ricain vis- à-vis de la musique, dans ce qu’il a de bon mais aussi d’irritant. A vous de voir.

Tous ces trucs que les groupes indés ne captent presque jamais

  • Se foutre de la gueule d’autres groupes ne salit pas leurs réputations, ça entache par contre sérieusement la vôtre.

« Hey, nous on n’est pas comme ces sandales de jazzeux de Panam, nous on représente le vrai jazz de Marseille, on craint dégun dans le be bop ! »

  • Jouer les mecs blasés, les bras croisés au fond de la salle pendant que les autres groupes jouent, ne fait pas de vous quelqu’un de cool. En revanche, gueuler au premier rang pour les accompagner l’est bien plus.

 « Je pourrais t’attraper comme ça, et d’un coup t’arracher les yeux, si tu ne me regardais pas, TU M’ENTENDS ?!? »

«Celle qui, il y a deux ans à peine, ne voulait pas de suite au Ritz, de manoir à Neuchâtel ni de limousine a un peu évolué. Pas vocalement non, elle est toujours aussi insupportable, mais vestimentairement. Elle est en robe de soirée Jean Paul Gaultier, portée avec   la grâce d’une otarie en costume du dimanche.»

A propos de Zaz, dont les paroles sont extraites ci-dessus. C’est pas de moi, c’est du docteur ès hip hop Olivier Cachin, à l’occasion de très oubliables victoires de la musique (pour ne pas changer).

  • Ressembler à une rock star est laaaargement moins important que de sonner comme une rock star.

« Tu préfères le style de Slash il y a vingt ans avec     le son de Pat Seb d’aujourd’hui, ou le style d’Axl d’aujourd’hui avec le son de Roch Voisine d’il y a vingt ans ? »

  • Être respectueux et amical avec ceux que vous croisez sur la route vous amènera beaucoup plus loin que de prendre vos petits airs supérieurs et de jouer les étroits d’esprit.

« Mais attends t’hallucines! C’est pas moi qui suis irrespectueux, c’est cette connasse de stagiaire de la salle qui me demande de me dépêcher pour monter sur scène parce que cette pouf prétend qu’on a déjà dix minutes de retard !! »

  •  Aller écouter les concerts d’autres groupes est la chose la plus utile à faire si vous souhaitez soutenir votre scène.

- Tu viens à l’Ami Calebard ce soir ? Y a les Flûtaboulistes en concert !

- Ben nan, t’es ouf, y a Pekin Express !

  • Les tauliers de votre scène sont toujours plus ou moins potos les uns avec les autres. Si vous vous faites bien voir de l’un d’eux, il y a des chances que ça marche avec les autres. Si vous agissez comme un blaireau avec le premier, préparez-vous à être blacklistés par les suivants.

« Attends, c’est pas toi qu’as dit de mon pote saxophoniste que c’était une sandale de jazzeux de Panam lors de ton dernier concert à Marseille, nan ? »

  • Avant d’en appeler à la presse pour remplir une salle, cultivez l’éthique et le professionnalisme, ça sera toujours plus facile par la suite.

 « Ben comment ça y a pas un chat au concert ? Attends quoi ? Comment ça, ça aurait soi-disant un rapport avec le fait qu’on a quatre heures de retard ?? »

  • La promo physique reste d’une extrême importance pour votre groupe. Donc sortez de votre local, collez des affiches, distribuez des flyers, refilez vos Cds promos, et cessez de passer votre temps sur Facebook.

« Salut les fans virtuels, on va vous jouer un morceau virtuel en guise de rappel virtuel, comme ça on aura l’impression d’exister vraiment avec mon groupe de musiciens virtuels, pas vrai les gars ?! Les gars ?!? »

  • Facebook est sur le déclin. Si l’essentiel de votre promo repose dessus, vous êtes dans la merde.
- Ok alors qu’est ce qu’on pourrait faire pour la sortie de l’album ?- Ben je sais pas euh.. un post facebook ?
- Ouais, bien vu. Et sinon, quoi d’autre ?
- Un event Facebook ?
- Carrément. Pure idée. Quelqu’un ? Autre chose ?
- Ouais, on pourrait changer notre header Facebook avec le visuel du skeud, nan ??
- Ok parfait. Bon on passe à un autre sujet. La guerre, pour ou contre, ou les deux ?
  • Essayez au moins de convaincre le bled dont vous êtes originaire de la qualité de votre musique avant de vouloir prendre la route. Si tout le monde se fout de votre son chez vous, pourquoi vous intéresseriez tant de monde que ça ailleurs ?

 « Salut Lagos, on vient de Mulhouse pour vous interpréter notre premier album de salsa et on veut voir toutes les mains en l’aiiiir !!!! Quoi ?. Comment ça ils parlent pas français à Lagos ?! »

  • Tourner ne veut pas dire grand-chose si c’est pour que personne ne se pointe à vos concerts. Donc ne prenez pas la route à moins de savoir comment ramener un minimum de monde à chaque gig (tiens, tiens, ce qui nous renvoie donc à un point précédent).

« Bonsoir à tous, on s’appelle Aceydeycey et on vient vous... enfin te... enfin... c’est comment ton nom ? qu’on te cause direct quoi hein, finalement... ce sera plus simple... Comment ? Guy-Patrick ?? Ah... Bon ben on va ptêt pas te parler alors finalement. »

  • Jouer dans votre ville sans arrêt tue les chances de voir votre public se développer, donc espacez un minimum vos shows pour mieux les promouvoir.

« Yeah Kerkambec, ça va bien ce soir ?!! Enfin je veux dire, depuis avant hier ?... Vous avez vu le match, nan ? Incroyable quand même, y avait grave péno... »

  • Toutefois le point précédent ne vaut qu’à partir d’un certain statut, car si vous débutez, vous avez besoin de jouer partout et tout le temps, dès que l’opportunité se présente. Donc enregistrez chaque concert, et à partir du moment où vous aimez objectivement ce que vous entendez, et que des personnes extérieures qui ne soient ni vos petit(e)s amie(e)s ni vos mamans vous disent que ça déchire, à ce moment-là seulement, vous pouvez commencer à booker de « vrais » concerts en demandant un « vrai » cachet.
Wow le bâtard, c’est vraiment du pur son hip hop de balle mon gars !
    Mais si t’étais pas ma reum tu le penserais quand même grave ou quoi ? - Bien sûr que non mon chéri, et je ne me forcerais pas non plus à te parler comme une caillera... »
    • Si votre son pue, vous ne méritez pas d’être payés. Commencez par être bons. Ensuite, exigez d’être payés.
    Heu, dites M’sieur le programmateur y a la meuf habillée tout en blanc avec la casquette qui a dit qu’on avait vraiment fait un concert de balle et qu’on méritait un meilleur cachet... ce ne serait pas ta mère ça Guy-Pat ? »
    • Personne dans l’industrie musicale n’en a quoi que ce soit à foutre de la qualité de votre musique. Les pros du business se soucient essentiellement de la manière dont vous êtes parvenus à ce niveau de succès uniquement par vos propres moyens.

     « Voilà, bienvenue chez Unversasshole, on vous a invité dans ces fabuleux locaux des beaux quartiers parisiens à venir boire des coupettes de mousseux avec nous parce qu’on trouve que vous faites vraiment de la très belle musique. Alors voilà. C’est dit. C’est tout. Bravo. Franchement ça fait plaisir. Nan vraiment j’te jure. »

    • Donnez-vous un peu de mal pour filer un coup de main à d’autres groupes. Tôt ou tard un groupe vous rendra la pareille et vous repenserez à tous ceux que vous aurez déjà aidés.

     « T’as pété ton médiator ? Allez, tiens gamin, prends celui-là, je l’ai dédicacé d’avance. Tu me le rendras à la fin de ta répète, pas de problème. »

    Ecrit par Cousin
    Cousin Cool se situerait dans la carrière musicale entre Père Castor, Cousin Machin et Daddy Cool. 30 ans qu’il traîne sa carcasse barbue dans les salles et les studios en tant que bassiste, ingénieur du son et régisseur. Du nord au sud de l’Europe, de l’est à l’ouest de l’Amérique, Cousin Cool a bossé avec les plus grandes divas comme avec les pires crasseux. Dans la famille Cool, il n’a jamais été père ou a refusé de le(s) reconnaître. Mais chez les Cool, on est dans le son de la tête au pied, de père en fils depuis une génération, et peu importe si celui de Cousin l’a abandonné à la naissance. De cela comme de tout sauf du son, Cousin se fout complètement et on le lui rend bien.

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