MARIE-ANNE - BELIEVE DIGITAL STUDIOS

"Il n’y a que Daft Punk pour se permettre d’imposer mondialement un titre sans image"

Si vous avez déjà cherché à vous faire signer sur un label innovant ou que vous écoutez Mina Tindle, Raggasonic, Wax Tailor ou Sexy Sushi, vous avez sûrement entendu parler de Believe, la start-up qui-monte-qui-monte-qui-monte, au point de ne plus en être une tant elle fait de l'ombre aux mastodontes du business. Mais Believe n'est pas qu'un label, c'est également ZIMBALAM, notre partenaire qui vous permet de distribuer votre album sur toutes les plateformes numériques en quelques clics, mais aussi BELIEVE DIGITAL STUDIOS, dirigé par Marie-Anne, qui nous donne ici son précieux avis sur le secteur. 


 

Salut Marie-Anne, peux-tu te présenter pour nos lecteurs ?
Bonjour, et ravie de répondre aux questions de Confliktarts !
Je suis Directrice France de Believe Digital Studios, l’entité vidéo de Believe Digital, depuis 1 an, mais cela fait 5 ans déjà que je travaille chez Believe et que je grandis avec cette start up passionnante : les années précédentes, je me suis occupée du marketing du label Believe Recordings, et en particulier du développement d’artistes tels que Youssoupha, Sniper, Leck, Mina Tindle, Buridane ou James Vincent McMorrow, ainsi que du service de distribution digitale Zimbalam.

 

> Youssoupha
 

Peux-tu nous décrire précisément ton métier au quotidien ?
Je rencontre chaque jour des producteurs de contenus vidéos dans des domaines très variés : artistes, humoristes, médias, gamers, producteurs de dessins animés & de tutoriels etc.
Je leur propose les services de notre équipe, pour les accompagner au quotidien dans leur stratégie vidéo : distribution & monétisation de leurs contenus sur Youtube, Dailymotion, Wat & autres plateformes ; contrôle des copies & enrichissement des métadonnées pour mieux remonter dans les moteurs de recherche ; développement d’audience, pour augmenter les vues de leurs vidéos & développer la notoriété de leur marque ; promotion, recherches de financement pour les programmes vidéos grâce aux marques ou partenaires etc.
C’est un métier nouveau et donc très excitant, dans un environnement en pleine mutation : les gens consomment de plus en plus de vidéos sur Youtube, et différemment de mois en mois (plus longtemps, plus mobile, plus varié…), donc qui demande une grande adaptabilité.

 

Quels en sont les meilleurs et les pires aspects ?
Les meilleurs aspects pour moi, comme dans la musique, sont de voir un jeune talent s’épanouir & se développer avec notre aide. Et inversement, il est très frustrant de ne pas parvenir à faire rencontrer l’audience attendue à artiste ou un programme de qualité.

Au sein du groupe Believe, comment s'articulent les activités de Believe Digital Studios avec celles du label Believe Recordings et l'offre Zimbalam dont ConfliktArts est partenaire ?
Il y a de multiples synergies & passerelles entre chaque activité, et pour  moi c’est ce qui fait la réussite & la différence de Believe : nous avons développé différents niveaux de services pour les artistes, correspondant à chaque stade de développement : Zimbalam pour accompagner les artistes dans les premiers pas de leur développement, Believe Digital lorsqu’ils sont un peu plus développés & enfin Believe Recordings qui offre la gamme de services la plus étendue (distribution numérique & physique, marketing & promotion, synchronisations, éditions etc). Nous avons une logique d’ascenseur entre ces services, et chaque mois nous repérons les talents les plus prometteurs sur Zimbalam, à qui nous offrons une signature sur Believe Digital, ou même parfois en cas d’énorme coup de cœur, sur Believe Recordings. C’est par exemple le cas de Charles Pasi, qui avait mis son album sur iTunes via Zimbalam, et pour lequel toute notre équipe a craqué. Nous avons ressorti son album dans de meilleures conditions, avec de la promotion & plus de 100 dates de concert.
Nous lui avons permis de vendre 10 000 albums, de jouer dans Taratata, d’être en playlist sur France Inter & de faire les premières parties de Jeans-Louis Aubert ou Ben Harper. Et l’histoire continue ! Nous sommes actuellement en fin d’enregistrement de son nouvel album.

 

Charles Pasi © Believe Recordings

 

Avec ces trois entités, dirais-tu que Believe réinvente le modèle économique du secteur musical et s'impose petit à petit comme le futur des majors du secteur, qui tardent à prendre un véritable virage numérique ?
Il semblerait oui !


Considères tu que le développement d'un groupe (de musique) ne peut aujourd'hui se faire sans vidéo diffusée sur le web ?
Difficilement. Il n’y a que Daft Punk pour se permettre d’imposer mondialement un titre comme « Get Lucky » sans image ! Le public aujourd’hui est avide de visuels & vidéos, il ne se contente plus du son. En revanche, pas besoin de 100 000 € et de Gondry pour faire de l’image. Aujourd’hui on voit de très belles choses sur Youtube, faites avec des moyens maisons & sans financement. Je pense par exemple aux vidéos de Fauve qui les ont aidés à faire monter le buzz, ou bien au sublime clip « 70 Million » de Hold Your Horses qu’ils ont fait en mode Système D.

 

Pour les plus réfractaires à ce média, aurais tu un argument incontournable à mettre en avant ? 

Achèteriez-vous une maison sans la voir ? :)

 

Believe Digital Studios possède son propre studio de création, est ce que cela veut dire que vous proposez directement aux groupes de créer leurs clips, et si oui à quel type de groupe cette offre s'adresse-t-elle ? 
Non, le studio répond à la fois aux besoins des artistes du label en terme d’image (créations de pochettes d’albums, singles, ecards, vidéos teasings, chats vidéo etc), et produit des émissions vidéos pour nourrir nos chaînes Youtube & Dailymotion.
Par exemple nous produisons depuis 1 an chaque semaine l’émission « KassDED » pour notre chaîne urbaine KassDED, & dans laquelle des rappeurs posent des questions à d’autres rappeurs.
Autre exemple qui n’a rien à voir : nous coproduisons avec le chanteur Tété une émission sur les tatouages, « Tattoo by Tété » un mercredi sur 2 sur Youtube & Dailymotion. https://www.youtube.com/watch?v=_RIJ0ID_P1I

Nous sommes donc ouverts à toute idée & tout projet créatif vidéo, n’hésitez pas à nous contacter !

 

 

Que répondrais-tu à ceux qui prônent qu'un visionnage d'un de leur morceaux sur Youtube par exemple, ne leur rapporte qu'une fraction de centimes, à l'image des principales plateformes de streaming musicaux ?

Ils n’ont pas tort, mais l’une des questions est de savoir combien de fois leurs fans streameront leurs titres : si un fan intégre votre titre dans sa playlist, et l’écoute 1 fois par jour pendant 6 mois, cela fait 200 streams soit 1 € environ, donc plus qu’un titre acheté une fois sur iTunes. Sans compter la viralité beaucoup plus forte sur le streaming que sur iTunes : vos amis sont beaucoup moins au courant de vos achats sur iTunes que de vos écoutes sur Spotify !
D’autre part plus vite les gens vont s’abonner à des offres de streaming payantes, plus vite le modèle de streaming gratuit va disparaître & meilleure sera la rémunération pour les artistes.

 

Quels conseils rapides donnerais-tu aux groupes afin de maximiser leur présence vidéo sur le web ?
Les maîtres mots : régularité, droit au but, créativité, interactivité.
Régularité : prenez l’habitude de poster des vidéos régulièrement pour fidéliser votre public & augmenter le nombre d’abonnés de votre chaîne Youtube. Même des vidéos simples, pour souhaiter la bonne année à vos fans, partager vos coups de cœur musicaux, faire un chat vidéo pour répondre à leurs questions etc.
Droit au but : Allez droit au but dans vos vidéos, évitez les réflexes ancestraux télévisés avec des génériques longs que personne ne regardera.
Créativité : lâchez-vous, les vidéos sur le web n’ont pas les contraintes des télés, profitez en.
Interactivité : engagez vos fans ! Faites les participer, commenter, liker & partager vos vidéos.
Youtube calcule un « taux d’engagement » pour chaque vidéo & ce taux influe beaucoup dans votre référencement dans les moteurs de recherche. Une vidéo beaucoup partagée, likée et commentée sera mieux référencée qu’une vidéo qui a laissé vos fans indifférents.

 

Quelle est la différence entre une bonne et une mauvaise vidéo musicale selon toi ?
Une bonne vidéo musicale est pour moi une vidéo qui va apporter une émotion supplémentaire par rapport à la musique. Idéalement aussi, une vidéo qui va maintenir l’attention de l’internaute, et qui va être regardée jusqu’au bout.

 

Comment vois-tu évoluer le lien entre musique et vidéo dans les années à venir ?
Je pense que les liens vont encore se resserrer dans les prochains mois au point de devenir vraiment indissociables. Les artistes ont vraiment intégré la vidéo dans leurs créations musicales : le fait que Beyoncé sorte un album vidéo avec 17 clips en est un exemple.

 

Quels évènements professionnels vont marquer tes prochaines semaines et mois ?
Le MIP à Cannes en Avril, qui est l’équivalent du MIDEM pour la vidéo : c’est un immense marché international avec 13 000 participants, où les producteurs rencontrent les diffuseurs, et c’est vraiment l’occasion de prendre le pouls du marché, de mesurer les préoccupations des producteurs quant à la diffusion de leurs œuvres sur internet & de repérer des créateurs vidéo.

 

Que conseillerais-tu à ceux qui souhaiteraient rejoindre Believe vidéo, ou plus largement le secteur de la production audiovisuelle et musicale ? 
Lâchez-vous ! Faites tout ce que la télé vous interdit, & montrez-nous votre créativité.

 

Et pour finir, la question traditionnelle : quelles sont tes dernières claques musicales, album et live ?

Sans être originale du tout, je suis obligée de répondre en premier Fauve & Stromae : Fauve sur scène, où j’ai ressenti une émotion très forte, une urgence & un cri d’écorché vif & en même temps une grande force. Quant à Stromae, j’admire sa créativité, à la fois dans ses vidéos, ses visuels scéniques & ses choix artistiques, et je trouve qu’il  n’a pas volé son succès ! Et pour finir une grosse claque cette semaine, qui me rappelle combien j’aime ce métier : j’ai entendu un album sublime joué dans le bureau à côté du mien, pendant 1h je me suis demandé quels étaient ces artistes en RDV qui avaient produit de si belles choses, je n’arrivais pas à me concentrer, c’était plus fort que moi je suis allée les déranger : c’était SAHR, un projet commun de DJ Pone et Jose de Stuck in The Sound, et ça promet !!

 

© Believe Recordings, DJ Pone & José Reis Fontao.

 

 

SUR LE WEB :

www.believedigitalstudios.fr
www.believerecordings.com
www.believedigital.com
www.zimbalam.com

 

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