Les bonnes résolutions du musicien

Ou dix façons de commencer l'année sur le bon tempo

Le musicien est comme tout le monde, à ceci près que tout le monde ne joue pas de musique. Cette fulgurance philosophique nous prouve donc que comme n'importe qui, le musicien se gave pendant les fêtes, déballe des cadeaux avant de sourire ou de tirer la tronche, fait la fête pour le réveillon même s'il n'est « pas trop fan du 31 » et finit par s'adonner au grand jeu qui titille l'humain à pareille époque : le musicien  prend de nouvelles révolutions. Bonnes, si possible. Pour accompagner nos voeux de bonheurs musicaux à venir en 2014 et aider ceux d'entre vous qui n'oseraient se lancer, voici quelques suggestions.

 

1- Travailler mon instrument en dehors des repets.
Allez, je vous demande un peu d'honnêteté. Qui ici pratique son instrument tous les jours ? Hmmm ? Au fond là bas ? Non plus ?? Bon, ben c'est pas folichon... Depuis combien de temps ne vous êtes vous pas posé à enchainer quelques gammes, à pondre quelques roulements, à tenter une impro sur ce morceau que vous pouviez vous repasser 10 fois d'affilée à la grande époque ? Certes vous connaissez vos parties, même s'il vous arrive de placer quelques pains bien sentis à chaque concert, mais ça n'a jamais été au point de vous gâcher le moment. Certes vos potes vous ont déjà fait comprendre que sur certains passages ça manquait un peu d'aisance, mais vous êtes bien persuadé que le public n'y voit que du feu. Certes parfois même votre guitare semble vous demander de mieux la traiter, mais ça doit être parce que ça fait un sacré bail qu'elle n'a pas vu le luthier.

 

C'est gagné : Je réécoute BLOG40 l'enregistrement du dernier concert et je note scrupuleusement le nombre de bourdes que je parsème ça et là. Normalement ça incite à reprendre un peu les bases. Allez, 15 minutes par jour, pas plus, mais on s'y tient.

 

 

Et oui, des fois ça picote un peu... 

 


2- Parler un peu moins de son avec mes potes
Un de ces jours, allez vous asseoir au café qui jouxte l'école de théâtre de votre bled. Ces hordes d'étudiants au look savamment négligé et faussement torturé n'ont de cesse de parler textes mythiques, références divines, émotions du cœur, techniques de diction, approches de la mise en scène, relevages de mèche, bref ils n'ont pour champ lexical que le théâtre et son histoire à travers les âges. Et qu'on aime ou pas le théâtre, faut bien l'avouer, c'est chiant.
Et bien dites vous que lorsque vous parlez avec les membres du groupe ou d'autres ayatollahs du son en soirée, il se peut fort que beaucoup n'en aient rien à foutre de vous entendre repasser toutes les anecdotes du parfait musicien indé des années 2000. Et parfois même, ceux qui n'en ont rien à secouer sont eux-mêmes musiciens. C'est fou ça, on peut appartenir à la « grande famille des zicos » et ne pas être excité à l'idée de parler de musique du matin au soir. Prenez-en de la graine, ça fera des vacances à votre entourage.

 

C'est gagné : demandez à vos proches de dire le même truc débile à chaque fois que vous aborderez de près ou de loin le thème. Vous vous rendez vite compte que vous êtes mono maniaque et ça ouvrira obligatoirement les shakras de votre imaginaire pour trouver d'autres sujets de discussions. Pour le truc débile j'imagine que vous n'avez pas besoin de suggestion, mais par exemple « quéquette » ou « fistule », ça marche très bien.

 

 

«...et là le mec il se pointe pour le soundcheck et il avait même pas vérifié ses pédales tu vois, alors que bon un problème de piles, bon ben t'es censé t'en rendre compte avant quand même, surtout sur ces pédales, ça s'use hyper vite et déjà la veille on lui avait dit que... »

 

 

3- Consacrer un peu moins de budget aux instruments
C'est pas parce qu'on ne travaille pas assez son manche qu'on ne les collectionne pas. Au grand dame de votre banquier. Et quand c'est pas les manches c'est les pédales, et quand c'est pas les pédales, c'est les amplis. Et les sangles, parce que c'est classe de l'assortir avec la tenue. Et les bouchons d'oreilles moulés sur-mesure, parce que c'est plus confortable. Et les.. bref. Il y a toujours une bonne occasion de se projeter vers plus de matériel et de remplir votre cave ou votre garage malgré toutes les remarques désobligeantes que cela pourra engendrer chez votre moitié.

 

C'est gagné : faites le tour de ce que vous n'utilisez pas, revendez-le à bon prix et faites un cadeau à votre chéri(e). Appréciez l'effet. Pas désagréable, non ?

 

 

"Moi je fais plutôt dans le vintage, donc voilà, ben c'est dans ce garage que je mets le matos que j'achète quoi..."

 


4- Privilégier les vacances aux tournées
Depuis combien de temps n'avez vous pas pris trois vraies semaines de vacances ? Si, vous vous rappelez, ça fait maintenant dix ans. Il avait fallu couper un peu parce que vous enregistriez votre deuxième EP l'époque. Donc en fait c'était dix jours.. Vous êtes passionné et c'est une chance, mais vous ne soupçonnez pas à quel point vous vous ferez du bien à couper les ponts un bon coup de temps en temps.

 

C'est gagné : économisez pendant quelques temps et faites comme le designer Stephen Sagmeister, partez faire autre chose pendant un an. Bon, un mois ou six marchent aussi.. En tout cas lui ferme son agence tous les sept ans et prend un année sabbatique, histoire de trouver de nouvelles inspirations et donner une nouvelle jeunesse aux perspectives créatives de ses activités. Ca vous donne pas un peu envie ?

 

 

 

5- Pondre un album encore meilleur que le dernier 

Une fois revenu de cette fantastique année sabbatique loin des scènes sombres et des potards usés, vous aurez la gnaque de votre vie et l'envie d'enregistrer un quadruple album vinyle en série limitée, avec les cartes de téléchargement dorées pour montrer à quel point le repos et l'inspiration valent de l'or.

 

C'est gagné : commencez donc par voir toutes les configurations possibles que ConfliktArts vous propose, ça vous donnera de quoi cogiter pendant votre année sabatique.

 

 

6- Partager un peu plus les tâches dans le groupe
Dans les couples, une saine gestion des tâches quotidienne fait la paix des ménages. Il n'en va pas différemment pour votre groupe. Alors plutôt que d'attendre que votre « leader » pète un câble lorsqu'il sera à bout et qu'il en aura marre de gérer tout seul les horaires des répèts, les rendez-vous pour les balances, les enregistrements divers, les réponses aux interviews, le pliage du matos après chaque concert, eeeetc... précédez l'exaspération et répartissez clairement les attributions de chacun.

C'est gagné : si personne ne veut se coller aux tâches ingrates, adoptez la responsabilité tournante et échangez tous les mois par exemple, il doit d'ailleurs sûrement exister une application pour gérer ce genre de trucs..

 


7- Arrêter de faire n'importe quoi pendant les balances
Mais c'est vrai, dès que vous avez un micro, un semblant d'attention et pas de pression d'un « vrai » public en face de votre tronche, c'est plus fort que vous, vous faites le mariole. Déjà que ça exaspère vos petits camarades, vous imaginez les ingés sons qui sont en face de vous et qui n'ont rien demandé ?

 

C'est gagné : demandez au membre du groupe en lequel vous avez le plus confiance, de déclencher une petite amende à chaque fois que vous êtes pris de crise existentielle en balances. Ce seront à chaque fois quelques petits euros, mais qui cumulés sur une tournée vous passeront le goût du stand up et rendront vos balances ultra efficaces, en plus d'offrir un bon resto au groupe à l'occasion.

 

 

Serge, prêt pour les balances. 

 

 

8- Ne plus arriver en retard
Vos potes s'en plaignent. Votre copine / copain s'en plaint. Votre groupe s'en plaint. Si comme moi l'horloge est un de vos pires ennemis, voyez les choses  en face. Le fait d'avancer votre montre de 10 minutes sur l'heure réelle ne vous a jamais permis d'arriver à l'horaire prévu pour vos rendez-vous, répèts ou balances.

 

C'est gagné :  commencez donc par régler votre montre à l'heure exacte et soyez en avance de quelques minutes à toutes les prochaines échéances musicales, quoiqu'il en coûte. Vous verrez à quel point il sera réconfortant de voir ces visages si agréablement surpris de vous prendre en flagrant délit de ponctualité.

 

 


9- Prendre des notes 
Pour certains, il pourrait y avoir deux fois moins de répèts si l'on n'entendait pas si souvent des phrases telles que : « elle s'appelle comment déjà celle là ? », ou « ah ouais, et qui est ce qui commence sur ce morceau, je me rappelle plus ? », ou encore « attends, y avait pas un break à ce moment là ? Mais si, rappelle toi la semaine dernière on avait fait un truc hyper cool... nan ? Ah bon. » Bref, le musicien tient plus souvent du poisson rouge que de l'éléphant. Que ce soit du à un excès éventuel de drogues est un autre débat, sachez par contre qu'il y a des petites choses à trouver pour ne plus se cogner indéfiniment contre les murs de votre bocal, ou local.
 

C'est gagné : Achetez vous un calepin cool avec un crayon cool, notez grâce à quelques trucs rapides chaque nouveauté sur chaque morceau à chaque répèt. Sans exception. Achetez vous un petit enregistreur MP3 et écoutez vous la répèt au moins une fois avant de vous rendre à la suivante. Comme pour les crèmes anti-acnée ou les dentifrices qui lavent plus blancs, vous en constaterez les effets au bout d'une semaine.

 

 

Pour les musiciens geeks de la prise de note, le clavepin, un objet venu du futur, mi-clavier, mi-calepin.

 


10- Faire une révision complète de mon instrument
On l'évoquait en introduction, il vous arrive de constater que cela fait bien longtemps que votre cher et tendre instrument n'as pas eu droit de se faire bichonner. Ça peut être long et fastidieux pour ceux qui font le nettoyage complet de leur batterie douze fûts. Ça peut-être un peu cher pour ceux qui font redresser le manche, recoller les frettes, changer les micros de leurs grattes. Ça peut être angoissant pour ceux qui font changer les tampons et refaire le vernis de leur saxophone. Mais votre instrument vous le rendra au centuple.

 

C'est gagné : abandonnez la batterie et mettez vous au chant.

 

 

« Mais attends elle marchait très bien hier encore !! C'est bizarre.. »

 

Et vous, vous avez de bonnes résolutions musicales à faire partager ? Une suggestion d'article ? N'hésitez pas à nous contacter sur le blog, ou à questionner directement l'auteur de ce post ICI

 

 

L'auteur : Cousin Cool se situerait dans la carrière musicale entre Père Castor, Cousin Machin et Daddy Cool. 30 ans qu’il traîne sa carcasse barbue dans les salles et les studios en tant que bassiste, ingénieur du son et régisseur. Du nord au sud de l’Europe, de l’est à l’ouest de l’Amérique, Cousin Cool a bossé avec les plus grandes divas comme avec les pires crasseux. Dans la famille Cool, il n’a jamais été père ou a refusé de le(s) reconnaître. Mais chez les Cool, on est dans le son de la tête au pied, de père en fils depuis une génération, et peu importe si celui de Cousin l’a abandonné à la naissance. De cela comme de tout sauf du son, Cousin se fout complètement et on le lui rend bien.

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