Les 5 raisons pour lesquelles c’est vraiment trop relou d’être batteur
"Hey les deux du fond qui tchatchent pendant les morceaux, vous aurez le droit de venir m'aider à ranger mon matos à la fin du concert !!!"
Taper sur des tambours pour être (si possible) numéro un est le rêve de nombreux mômes sur cette planète. Il est même le rêve éveillé de moult gamins plus ou moins âgés, qui ont trouvé dans l’art de faire tourner les baguettes et sonner les fûts, une ligne de vie, pour ne pas dire une raison de vivre. Chanceux sont ces derniers, ils ont su a priori passer à côté des pires horreurs qu’implique ce statut. Quoiqu’il en soit nous vous les résumons ici, afin que même les plus naïfs et candides, puissent enfin savoir.
>> TRANSPORT ET INSTALLATION
Tant qu’il s’agit d’installer votre premier kit chez vos parents (qui ont été assez généreux et inconscients pour vous autoriser à vous lancer dans le monde de la baguette), ça va encore. Mais c’est lorsque que vous dégotez votre premier groupe et le seul créneau possible au “Club des Jeunes” de votre quartier que le mal commence. Vous êtes loin de pouvoir aller répéter dans les locaux super équipés « à la ville » et vous démontez fébrilement votre instrument deux fois par semaine, tandis que vos congénères viennent seulement avec leurs guitare et basse dans le dos, et leurs amplis en plastique dans la main. Par la suite, le groupe évoluant, vous fréquentez enfin des locaux dignes de ce nom, mais c’est désormais les concerts de plus en plus nombreux qui vous donnent l’occasion de monter/démonter à tour de bras, de travailler votre sciatique, de vous faire attendre par tout le crew, et d’oublier une fois sur trois tout ou partie des futs / pieds / cymbales / baguettes / siège / pédale de grosse / percus additionnelles, etc.
Entre les réflexions des uns et des autres sur le fait qu’ils vous attendent constamment, et les séances de kiné qui s’allègent dans le temps et s’alourdissent dans le portefeuille, nan, franchement, y a des fois il vaut mieux jouer du banjo.
La solution ? Faire comme dans ces groupes d’electropopeux à mèches et vous munir d’un Roland SPD qui coûte quatre fois moins cher que l’ensemble de votre matos de maboule et fait le même job, tout en épargnant votre squelette et votre fatigue mentale.
Hey Roger !!! J je crois qu'on tient un champion là...
>> L’ISOLEMENT GÉOGRAPHIQUE
Comment est-il possible de supporter BLOG22 faire carrière en étant cantonné à mater les culs de vos potes devant vous, qui eux-mêmes matent les trois premiers rangs, les haranguent, les checkent, les zérosissent, slament par dessus la foule puisque de toute façon ils s’en foutent, vous assurez le coup.
Derrière.
Loin derrière.
Sans pouvoir bouger.
Vous avez bien essayé de leur proposer plusieurs fois cette nouvelle idée de plan de scène, avec vous à jardin juste au bord de scène, en arc de cercle, mais entre leur manque d’excitation et le fait que les ingés refusent à peu près toujours de bouger le set up général du plateau, vous avez laissé tomber. Tristesse.
La solution ? Mettez-vous à la gratte et proposez sous prétexte de jeu d’un incroyable effet scénique, d’échanger vos baguettes avec votre guitariste pour un morceau ou deux. Et là, à vous de vous faire bien plaisir… Allez-y, c’est bon, la scène est à vous…
>> ASSUMER LA PLUS GRANDE RESPONSABILITÉ DANS LE GROUPE
Il est fort possible qu’en cas d’étude scientifique poussée, on prouverait que la majorité des morceaux de ce monde commencent essentiellement par de la batterie et finissent essentiellement de la même façon. Au delà du rituel et à peine cliché « Vous en voulez encore ? Ok ! 1,2,3,4 !!! » où on tape dans les baguettes pour faire se bouger fessiers et mains, ou au non moins classique roulement d’appel de fin bien gras de type « platoutoupla – pshhhhhhhh » qui signale à vos congénères écervelés que le morceau se finit dans un temps (!!!), il s’agit surtout de l’écrasante responsabilité qui vous incombe. Véritable colonne vertébrale du groupe à vous tout seul (nanan chers amis bassistes, ne cherchez pas à contredire cette assertion), vous êtes censé gérer les tempi par cœur, initier les transitions, asseoir le groove, et appeler à la fin du morceau. C’est éprouvant pour les nerfs, surtout quand on vous en fait la remarque alors que « c’est pas vous c’est les gars qui ont modifié le pont après le deuxième refrain tout à l'heure, alors que vous étiez justement en train de monter votre batterie sur ce praticable à la con, et qu’eux étaient déjà installés depuis un quart d’heure »... Monde de m…
La solution ? Cherchez à alléger vos parties au MAXIMUM. Refilez les intros à l’un, les appels à l’autre, refusez votre solo sous prétexte de ne pas vouloir vous mettre en avant, et foutez tout le monde au clic à chaque répèt. Ils vont en bouffer du tempo...
Voilà voilà... Maintenant t'es gentil tu démontes tout ça on a de la route à faire jusqu'au prochain gig...
>> LE MANQUE DE RECONNAISSANCE
Vous la voyez cette scène, dites ?
Vous êtes près du stand de merch après votre concert, vous divaguez non loin des autres membres du groupe. Soudain, vous devinez une demoiselle beaucoup plus divine que la plus divine de toutes tes copines... Sa chevelure fend l’air et, ô beauté du monde, se dirige vers vous. La déesse en perfecto vous demande alors s’il reste quelques vinyles à vendre, et vous répondez oui, comme si c’était de mariage qu’elle parlait.
Et puis, tournant le regard subrepticement vers votre pote chanteur, elle se retourne vers vous et assène un : « ils sont hyper forts hein, c’était un pur concert ! Je veux pas les déranger mais tu leur diras hein ? »
Plusieurs fois tu as, dans un élan de magnanimité inconsciente, indiqué à ton chanteur ou à ton guitariste qu’ils avaient un bon plan en montrant du doigt tel ou telle. Et puis, ce jour là, tu ne sais pas pourquoi, mais c’est la goutte de coca qui fait déborder le Jack...
Tu lèves les yeux vers elle et prend une grande respiration : « pute ».
Pas bien.
Mal à l’aise suite à ce craquage de nerfs total, tu retournes vers le côté de scène pour amasser tout ton matos. Et lorsque tu attrapes ton sac de cymbales, tu te rends compte que le dieu du son t’a quelque peu puni puisqu’il en manque deux sur les quatre.
Demain j’arrête.
La solution ? Ne plus squatter le stand de merch. Trop frustrant…
>> LES DÉPENSES SANS FIN
Cela fait une bonne demie heure que tu regardes cette ride de 24’ sur lebonplan.fr, histoire de remplacer celles qu'on t'a volées à ce fameux concert. Tu hésites, c’est un plan incroyable, mais tu n’as pas la moitié de cette somme, et en même temps aucune ride pour le prochain gig dans une semaine. Pour une fois la raison prend le dessus et tu fermes sagement la petite fenêtre de ton petit ordinateur. Une heure plus tard en répèt, ton guitariste pète une corde après un malheureux solo, et a le toupet de s’exclamer un truc du genre « mais vas-y là, encore cinq balles à claquer pour ces putains de cordes !!! ». Et là tu regardes ta crash à 400 euros qui se fendille irrémédiablement et une larme monte que tu ne sais réfréner…
Cruauté.
La solution ? Prétextez un choix artistique radical en ne jouant que sur du matos d’occasion ou même de récup. Faites vous une batterie de bric et de broc, qui aura une sonorité disons « bien à elle », et passera aussi peu inaperçu que si vous aviez claqué 5000 euros dans un kit Ludwig des années bissextiles..
Vous n’avez jamais trouvé qu’il n’y avait aucun inconvénient au fait d’être batteur ? Vous trouvez que tout ça c’est baguette blanche et blanche baguette ? Gratifiez nous de vos plus beaux roulements par écrit en commentaires de l'article ci-dessous, en nous contactant sur le blog par ici, ou en questionnant directement l'auteur par là.