Dix idées d'intros de concert, pour ne pas monter sur scène pour rien

"Attention mesdames et messieurs, dans un instant, ça va commencer !!!"

 

Le meilleur moyen pour assurer un concert est de bien rentrer dedans. Pour cela, on réfléchira à sa manière de rentrer sur scène et d’envoyer ses premières notes. De plus, vous n’aurez pas toujours accès à des salles qui permettent des mises en scène incroyables, car il est plus aisé de faire le showlight à la Megarena qu’au Bar des Sports. Vous aurez donc raison de vous questionner sur ces premières secondes de concert, qui vous mettront (ou pas) dans de bonnes dispositions, et impacteront d’autant plus votre public.

 


>> Le naturel

Adepte du simple et de l’efficace bonsoir. Le souvenir d’un bon vieux concert de Rage dans l’antre de de Bercy devant 20 000 personnes m’a fait dire que ce temple des méga prods n’avait pas du voir bien souvent un spectacle aussi épuré. Point d’écran géant, de murs d’amplis, de showlights, rien. Rien que le backline nécessaire, du son brut de pomme, et trois couleurs de lumières. Et l’arrivée sur scène était à cette image. Quatre bonhommes qui débarquent, saluent d’un geste la main, et envoient la purée. L’essence même du rock. Mais encore faut-il s’être posé la question avant si c’était bien de cela dont on voulait, pour l’assumer au mieux.

Le truc en plus : à privilégier quand vous jouerez sur le marché le dimanche matin, où la plupart des propositions ci-dessous fonctionneront plus difficilement.
 

 



>> Noir c’est noir

Cultiver le secret, faire jouer les contrastes, repousser le moment où vous serez visibles pour créer l’attente et faire que les fans exultent encore un peu plus fort lorsqu’ils en prendront plein les yeux en plus d’en prendre plein les oreilles. Cela peut durer quelques secondes, le temps des premières notes, ou pourquoi pas plus longtemps, pour laisser croître l’impatience.

Le truc en plus : cela ne plaît vraiment pas à tout le monde, mais cette méthode marche plutôt pas mal avec le combo noir + machine à fumée. Na pas trop exagérer non plus, car on peut aussi vite tomber dans le Jean-Mi Jarre beaufisant.

 

 


 

>> Noir c’est noir... c’est noir !

Certains ont eut l’idée de faire durer cette idée pas mal de temps. En fait tellement de temps que ça a duré tout le concert. Dans le noir. Vous pouvez ainsi imiter Amadou et Mariam qui ont enchainé plusieurs concerts de ce type, basés évidemment sur le son, mais aussi d’autres sens comme l’odorat, et plongé leur public dans un voyage autour de leur cécité.

Le truc en plus : ça peut fonctionner plutôt bien le jour où vous souhaitez faire buzzer un peu le groupe, tout en profitant du fait que votre éclairagiste vous a lâché à la dernière minute, sous le prétexte futile qu’il s’est pété les ligaments croisés des deux genoux en tombant du haut de son grill pendant les balances.

 

>> Le medley

Grande tradition de la variété, mais aussi du reggae, le bon vieux medley est un exercice joyeux qui permet de lancer la transe sans transition. Pour peu que vos moreaux soient un peu connus de votre public, ces quelques mesures de chaque morceau seront un véritable teaser de ce que vous allez leur interpréter (ou pas ! "Oh ouais, ça veut dire qu’ils vont jouer ce morceau !!!" Et ben non…). En plus de bien lancer le concert, c’est un bel exercice de style, si vous souhaitez que ce patchwork musical ressemble à un morceau à part entière et non à un empilement d’extraits sans style.

Le truc en plus : l'idée peut aussi être trippante en milieu ou en fin de concert, et rendre votre public un peu fou en lui faisant croire qu’il (ré)entend un morceau qui a été joué, ou qu’il s’attend enfin à entendre votre tube, mais qu’au bout de six mesure vous enchainez sur un autre. De l’art de jouer avec la frustration…

 

>> Le décompte

Le principe du décompte matérialisé par une voix off, une vidéo ou simplement vous caché derrière votre grosse caisse avec un micro, peut embarquer votre public dans une excitation qui rappellera à chacun ses réveillons les plus foufous. Cette régression, qui imprime mentalement une nostalgie de réjouissances ultimes, de feux d’artifices dans ton cœur, de bonnes résolutions, et de « ptêt que ce soir après trois bouteilles de champagne j’arriverai enfin à pécho », emmène vos fans dans un état d’excitation et d’attente exacerbées. D’où l’intérêt d’assurer dans la foulée.

Le truc en plus : disons que ça fait partir des options qu’il faut bien sentir, car on imagine facilement des situations où ça plonge juste le public dans une ambiance digne de Pat Seb, ou de fête foraine sur-joué, qui ne se prêtera peut-être pas au propos artistique.

 

>> Faux incident technique

Gageant qu’avant de vous voir arriver, votre public est un minimum excité et impatient, il peut s’avérer marrant de faire croire à certaines erreurs ou soucis techniques, pour embarquer la plupart des gens qui vous entourent dans une angoisse empathique qui vous liera encore plus vite et fort à eux. Imaginez les trois membres d’un groupe qui démarrent sans voir remarqué que l’un des leurs manque à l’appel. Circonspection, panique… or celui-ci arrive tel un héro de bande-dessiné depuis le public et fait hurler la foule. Autre idée, des micros qui semblent ne pas marcher et obligent à un playback organisé, ou encore une fausse panne de courant, une prise de tête entre musiciens finement jouée, bref, de quoi s’amuser un peu avec la réaction de vos fans.

Le truc en plus : le jour où vous aurez un vrai gros souci technique, vous saurez ainsi facilement comment réagir. Ou alors vous serez encore plus en panique parce que vous penserez à un faux truc qui était prévu mais dont personne ne se souvient. « Attends, c’est hyper cool cet ampli qui prend feu, mais on avait dit qu’on faisait quoi après déjà ? On se casse ?? Ah ouais, ok… »

 

>> Déguisement pour faire croire que les zicos ont changé

Pour peu que le public présent connaisse un peu vos tronches (oui, que vous soyez un minimum « connus » quoi), ça peut être très drôle de se grimer un peu le visage et les cheveux, afin de les perdre un peu sur l’identité de chacun. Si en plus certains sont capables d’échanger leurs instruments ça peut vraiment rendre les gens fous.
 

Le truc en plus : du coup dans le public ça crée des réactions dingues de type « c’est marrant au dernier concert que j’ai vu d’eux le bassiste c’était un grand black alors que là c’est un vieux blanc, et qu’au morceau précédent c’était une fille à frange ? »

 

 >> Le speaker

Née des joutes de boxe et des ambiances surchauffées des salles américaines, le speaker peut permettre de chauffer le public avant même que vous ne mettiez un doigt de pied sur scène, et pourra également faire passer des messages finement du type : « Ils sont là, ils arrivent !!!! Est-ce que vous êtes choooooooooos ????!!!! Alors merci d’éteindre vos téléphones portables et de laisser l’accès aux dix premiers rangs aux filles exclusivement… Vous êtes prêts à les accueillir ????!!!!! »

Le truc en plus : comme on n’est pas à Vegas et que ça reste un exercice très compliqué, si vous trouvez que le pote que vous avez envoyé faire ça n’est pas assez bon, laissez le s’enfoncer pendant quelques minutes, et finalement apparaissez comme si de rien n’était en montrant clairement à votre public que ce n’était qu’un bouffon qui voulait vous voler la vedette et avait surpris la sécurité pour faire son malin…

 

>> Le backing band

Grande tradition dans les orchestres de jazz, les « tours de chant » des grandes voix de la variet’, ou encore une fois le reggae, le fait de laisser commencer les musiciens sur un gros instrumental qui tâche, pour pouvoir acclamer musicalement un soliste ou un chanteur qui arrive quelques minutes après est toujours assez classieux si c’est bien fait.

Le truc en plus : très pratique quand votre chanteur a disparu avec une groupie et est introuvable, et que vous devez absolument envoyer les premières notes. Ca laissera comme ça cinq bonnes minutes pour lui mettre le grappin dessus.

 

>> Le Monsieur Royal

Comme c'est le cas avec bien des groupes de reggae, c'est un dreadeu en grande forme qui débarque sur scène pour annoncer que ses potes s'apprêtent à monter sur scène. On trouve la version légèrement différente en jazz, où un MC est souvent là pour introduire les musiciens à venir, alors pourquoi pas inventer le votre ? 

Le truc en plus : au pire demandez au batteur de jouer ce rôle, de toute façon peu de chance que les gens calculent que c'est la même personne...



>> Le one by one

Pour faire durer le plaisir dès le début du gig, et afin de décliner l’option précédente de manière à ce que chacun se fasse son kiff d’applaudissements, certains aiment à arriver tranquillement les uns après les autres. Un guitariste arrive et envoie tranquillement un riff tout en saluant la foule et en checkant quelques mains qui se tendent, ou un batteur arrive en se chauffant tranquillement à coups de solos cools, puis les uns et les autres rejoignent le premier arrivé, en laissant chacun quelques secondes voire minute entre les apparitions, afin d’arriver avec le groupe complet sur scène en ayant déjà fait monter la sauce au maximum.

Le truc en plus : si vous êtes douze dans le groupe, avec les arrivées de chacun vous aurez déjà grillé une bonne demi heure de concert, donc plus que quatre ou cinq morceaux à jouer…

 



 

Vous préférez arriver tranquille, normal, en moonwalk comme tout le monde ? De toute façon vous jouez seul et uniquement des reprises dans des galeries marchandes de supermarchés ? 

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