Démarcher un label : 5 erreurs à ne pas commettre
Félicitations, avec ton groupe, vous avez enregistré votre première démo ! Se pose maintenant la question de savoir comment sortir du lot, et se faire entendre parmi la masse énorme de groupes qui sont dans la même situation que vous.
Et c’est toi qui vas t’y coller !
Passons en revue les erreurs à éviter si tu souhaites retenir l’attention d’au moins un label.
1 - Démarcher la terre entière
Tu as googlé « label indépendant » et tu as désormais une liste exhaustive des maisons susceptibles de signer ton groupe ? Non. Prends le temps de connaître chaque label que tu vas solliciter. Ton groupe de punk rock n’intéressera sans doute pas ce label de country : inutile de perdre ton temps et celui des autres. Concentre-toi sur les labels réellement susceptibles de s’intéresser à ton groupe il te sera d’autant plus facile d’assurer le suivi de chaque demande.
2 - Ignorer les consignes
Tu as maintenant une liste restreinte de labels pouvant correspondre à ton groupe ? Étudie leur politique en matière de démos : si le label n’accepte pas de démos, et cela arrive, tu peux le rayer de ta liste. Un autre voudra un courrier papier, avec un CD / une clé USB, un autre aura une adresse e-mail dédiée à cet usage : ne pas respecter ces règles est l’assurance de ne même pas être écouté.
Pose-toi les questions suivantes :
- Les démos non sollicitées sont-elles acceptées ?
- Formats acceptés (CD, clés USB, liens vers une playlist privée, mp3, etc.)
- Adresse postale à laquelle envoyer la démo (ou simple e-mail ?)
- Y a-t-il une personne spécifique au sein du label, à qui tu dois adresser ton colis ?
- Règles de suivi : OK pour appeler ? OK pour envoyer un courriel ?
3 - Se déplacer en personne
Dans la grande majorité des cas, te rendre au siège social d’un label (indépendant ou non) à l'improviste pour leur donner ta démo va se retourner contre toi. Cela a pu sembler être une bonne idée de rendre visite à un label (ça montre ton audace et ta motivation), mais il faut vraiment, vraiment oublier cette option :
- Personne au label ne veut être soumis à l'écoute de ta démo devant toi, et ils ne veulent pas non plus l'accepter de ta part en personne. Si tous les membres du label comprennent à quel point la musique de ton groupe est importante pour vous, la grande majorité des démos entendues sera refusée. Donner aux gens l'espace et le temps nécessaires pour juger votre travail selon leurs propres règles jouera en ta faveur. Les y forcer ne le fera pas.
- Ce n'est peut-être pas un bureau. Bien que cela ne s'applique qu'aux petites maisons indépendantes, tu seras peut-être surpris.e de voir combien de tes labels préférés sont installés dans une chambre ou un garage. Se pointer comme ça chez quelqu'un ? C'est embarrassant. Et un peu effrayant... pour tout le monde !
- La réceptionniste t'attend. À l'autre bout du spectre, les grands labels ont une réceptionniste qui a eu affaire à des gens apportant des démos des milliers de fois. De plus, la grande majorité des labels qui ont des réceptionnistes n'acceptent pas les démos non sollicitées. Tu ne passeras pas.
- Toujours pas convaincu.e ? Relis attentivement le point n°2 : aucun label ne te demandera de passer au siège social en personne, et tous t’indiquent la marche à suivre pour envoyer ton matériel.
4 - En faire des tonnes
Rappelle-toi que même les petits labels sont inondés de démos et que la plupart d’entre eux écoutent tout ce qu'ils reçoivent, pour peu qu’ils les reçoivent sous la forme qui leur convient.
Leur faciliter la tâche ne fera que t’aider à sortir du lot, et puisqu’ils n’auront pas la journée à te consacrer, autant aller à l’essentiel !
Tu dois réunir :
- Une petite intro autre que "Écoutez ça, le meilleur Black Metal de tous les temps \m/"
- Deux ou trois de vos meilleures chansons. L’album ne sera pas écouté en entier.
- Ton nom et ton adresse email (ton numéro de téléphone est inutile à ce stade - tu es plus susceptible d'obtenir une réponse par email).
- Une courte biographie de ton groupe. Vas droit au but. Pas besoin de verser dans le "Mes parents ont su dès l’âge de 3 ans que je deviendrais musicien..." et pas de fautes !
- Coupures de presse, le cas échéant.
Et c’est tout ! C’est largement suffisant pour un premier contact. Essaie de choisir parmi vos chansons les plus catchy : votre musique est enfin écoutée alors il faut absolument retenir l’attention de l’auditeur dès les premières secondes et ne pas lui donner envie de dire "next" trop vite.
5 - Sois patient, sois poli, sois compréhensif
C’est très frustrant mais c’est comme ça : cela peut prendre des semaines avant que la démo de ton groupe ne soit écoutée. Et parfois même là, tu n’auras pas de réponse du tout !
Nous l’avons vu plus haut, les labels (même les plus petits) croulent sous les demandes. Inutile donc d’appeler le label la semaine suivant l’envoi de votre démo. D’ailleurs, n’appelle jamais un label qui n’est pas encore le tiens : préfère l’envoi d’un e-mail personnalisé (à moins que le label ait donné pour consigne d’appeler).
Ne culpabilise pas les gens de ne pas vous avoir encore écouté : c’est très malvenu et tu ne vas pas te faire des amis. Un e-mail de relance amical et occasionnel (max 2 par mois) est bien mieux vécu. Si tu obtiens une réponse de type "on reviendra vers vous quand on aura écouté", tu peux cesser de relancer : "on reviendra vers vous", c’est sûr !
2 commentaires
Merci pour ces conseils !
Que penses-tu du fait de demander à un label/booker les raisons qui l’ont amené à refuser ton projet ?
C’est mon cas : artiste, je viens de recevoir une réponse négative d’un booker (“après écoute du projet”) et j’hésite à lui demander des précisions; je me dis que des remarques constructives peuvent m’être d’une grande aide.
C’est à peu la même attitude à adopter pour démarcher les tourneurs et les organisateurs. Jeunes groupes, jeunes managers : arrêter d’envoyer des mails, newsletters sans vous êtes renseignés sur votre destinataire, arrêter de submerger les boites mails. La saturation est pénalisante pour tout le monde. Françoise.