Les 10 pires trucs à faire en tournée avec son groupe

« C’est quand qu’on arriiive ?? Et que tu te douches...»

La tournée, petite ou grande, est souvent un moment de consécration de bien des efforts. Mise en place artistique, jusqu’au-boutisme pour trouver des dates, arrachage de cheveux pour boucler le budget. Une fois partis, place au plaisir, et aux souvenirs à graver sur la route en attendant de le faire sur les prochains sillons des EPs. Seulement pour l’écrasante majorité des musiciens, tournée rime avec démerde et frustration. Ok, ça ne rime pas du tout, mais on vous file quand même la liste des pires gageures sur la route, et des moyens de les contourner.

1 - Se laver

On ne tourne pas pour l’hygiène. Ca se saurait. Mais quand même. Les clichés ont bon dos mais les plus crades ne sont pas forcément ceux qu’on croit et il arrive un point ou suivant les personnalités, on peut aller jusqu’à tester consciemment combien de temps on peut rester sans prendre une douche. Finalement ? Hein ? Pourquoi ? Se laver c’est pour les teubeys, nan ?

Et ben nan, alors ok tu caches les odeurs à coups de déo super musc de mâle, mais histoire de ne pas importuner à la fois tes potes, tes gentils interlocuteurs qui se bougent le fion pour te caler une date dans leur bled, voire les trois premiers rangs qui se ramassent ta sueur aux champignons, et ben lave-toi mon cher ami.

Mais comment faire ??? Au delà des évidences des hôtels et salles de concerts bien équipées, citons la station service, une fontaine publique, la maison d'un(e) fan, un arrosage automatique de parc, ou juste la pluie sous laquelle tu danses. Et on se savonne !

micreau

2 - Résister à la regression

Ultra pipi, super caca, mega prout, giga bitechatte, cekikapété, etc.... Un registre digne de la grande section de maternelle qui s’abat sur la plupart des groupes en tournée à partir de quelques jours, ou pour certains quelques heures de route. Pour le bien du groupe, essayez donc de résister le plus longtemps possible à l’enfant de quatre ans qui est en vous.

Mais comment faire ??? Répétez vous mentalement par tranches de cinq minutes, trois fois par jour, tel un mantra la phrase suivante : « J’ai XX ans, ce qui fait XX de plus qu’un enfant de quatre ans, ce serait donc ridicule de s’abaisser à utiliser ce genre de lexique, même si mes petits camarades me provoquent ».

Grâce à cette méthode initiée au 8ème siècle avant notre ère par un certain Mahatma Ta, également batteur d’un groupe de math rock à Katmandou, tout musicien normalement constitué arrive en théorie à résister à l’infantilisation. Et si vous n’y arrivez toujours pas, ne cherchez pas. Vous êtes un putain d’enfant de quatre ans.

Pisser dans un violon ? Ah non c'est pas ca...

3 - Penser à la tournée d’après

Et oui, telle est la vie du musicien galérien. A peine le bouclage d’une tournée validée et le fessier dans le camion avec le matos et les potos, voilà qu’il faut penser à la prochaine et aux trois semaines convenues pour aller défendre cet album de grunge psyché outre-Rhin parce que votre clavier a une cousine (jolie en plus, paraît-il), qui habite Hambourg.

Mais comment faire ??? Quelle idée de vouloir jouer en Allemagne ? Il y a des filles très jolies ailleurs et les allemands ne sont bons qu’à dicter la politique économique de l’Europe et à gagner des coupes du monde de foot. Non, tentez l’Espagne ou le UK…

I am poor lonesome...musician...

4 - Gérer sa moitié (si elle est dans le groupe)

Attention piège. Partager la vie d’un(e) autre c’est parfois un peu complexe, alors quand en plus d’être confrontée à la routine quotidienne, le couple est embarqué dans les inévitables fatigues et tensions que l’on peut rencontrer en tournée, il y a intérêt à être sacrément diplomate et psychologue. Et amoureux aussi, sans doute.

Mais comment faire ??? Mettez au point un pacte. On est un couple certes, mais l’intimité en tournée n’existant pas, on sait de toute façon que pendant un temps déterminé on sera beaucoup plus quelque chose qui ressemble à des "bons copains", qu’à Roméo et Juliette. Le romantisme repassera plus tard. En tournée privilégiez le pragmatisme.

C'est MOI la leadeuse ok ?!

5 - Draguer

Attention tout de même si vous appartenez à la précédente catégorie (et à la suivante). Soyez discrets, à défaut d’être classe. En tout cas je ne sais pas pour vous mais après quelques centaines de dates en tant que musicien ou technicien, je n’ai toujours pas franchement expérimenté le grand frisson groupiesque. Et bien que je me demande souvent si ce serait lié à un degré d’attractivité nul de ma part, j’ai eu l’occasion de constater à tourner avec de belles brochettes de bô et belles gosses, que c’était essentiellement du à ce contexte de la route, qui ne s’y prête paradoxalement pas. Chambres d’hôtels partagées, plannings millimétrés, cernes creusés, bien sûr on n’est jamais à l’abri d’une galoche volée, mais la nuit de folie dans les bras de groupie j’ai rarement vu.

Mais comment faire ??? Comme dans la vie finalement. Ne pas trop y penser. Tout arrive toujours à point.

J'ai la guitare qui me demange

6 - Gérer sa moitié (si elle n’est pas dans le groupe)

Voilà voilà. Il fallait bien évoquer ce sujet, qui statistiquement arrive quand même beaucoup plus que d’avoir son mec ou sa nana dans le même band. Alors pour que l’autre resté au port vous laisse peinard et réciproquement, que la route ne soit qu’un long fleuve tranquille et que vous vous retrouviez comme au premier jour, mettez toutes les chances de votre côté.

Mais comment faire ??? Adoptez une charte du couple en tournée, avec les « do’s and dont’s » comme on dit chez les américains en mal d’exotisme, et les « gestes qui sauvent » en cas de problème ou d’interférence liée au point du ci-dessus par exemple.

7 - Laver ses sapes

Pendant de la douche, l’hygiène ne vaut pas que pour le corps mais aussi pour ce que vous mettez dessus. Or en général soit les sapes des musiciens sentent la mort, soit quand ils sont un peu raffinés, ils sentent le déo, ou pire le destructeur d’odeur fraicheur lavande, ce qui donne l’impression de participer au « Mega Febreze Tour ».

Mais comment faire ??? Cf. premier point de ce post. Tant qu’à faire de vous laver, restez habillés. Vous sécherez dans le camion.

Love is in the air. Les odeurs aussi.

8 - Composer

Contrairement aux idées reçues il faut vraiment se la péter avec un tour bus de maboule pour prétendre un truc du genre « ouais, on a composé cet album essentiellement lors de notre dernière tournée »… Soit vous êtes un gros mythomane, et c’est pas bien, soit vous avez une sacrée capacité à intellectualiser la musique. Parce que c’est pas à six, entassés dans un Renault Traffic que vous allez composer grand chose a priori, ni pendant les pauses à la station essence du coin.

Mais comment faire ??? Comme la plupart des musiciens. Dire que vous avez composé ce tube génial sur la route alors que ce n’est pas vrai du tout. Un peu de romance ça n’a jamais fait de mal après tout.

 9 - Bien s’alimenter

S’il existait une étude sérieuse sur le taux de graisse des musiciens par rapport à la moyenne de la population, je suis sûr qu’il y aurait des manifs pour faire des résidences d’artistes avec des diététiciens. Une espèce de programme Weight Watchers pour intermittents en surgras.

Mais comment faire ??? Soyez exigeants. Glissez sur le rider que vous souhaitez éviter au maximum la bouffe grasse et les sandwichs triangle que vous consommerez de toute façon inévitablement dans les stations autoroutières, ce sera déjà un début.

5 fruits et legumes frais par tour...

10 - Se réveiller

Last but not least… J’aurais juste pu mettre dormir, mais finalement on arrive toujours à dormir, même sur un parquet ou au milieu du matos. Le pire reste quand même de se réveiller. Combien de fois s’est on dit « allez ce soir on la joue sérieux, on se couche tôt ». Et puis voilà, c’était la date à Clermont et les copains du label nous ont fait la surprise de passer parce qu’ils jouaient pas loin. Et on a improvisé une plage et un bar à cocktails sur le toit de l’hôtel jusqu’à 6h30…

Mais comment faire ??? Il est possible de faire une tournée de quatre dates en faisant n’importe quoi tous les soirs. Plus, a priori ça commence à devenir compliqué. Donc jetez un œil à l’agenda et cochez en avance les soirs ou il y a de grandes chances que ça parte en vrille (anniversaires, repaire de vieux potes, bar-mitsvas…), essayez de vous tenir à celles-là sachant qu’il y aura toujours des imprévus, comme cette date à Crouzanec ou Dédé avait décidé d’ouvrir sa cave rien que pour vous. Sacré Dédé. Sacré réveil…

 

 Vous n’avez jamais aucun problème en tournée ? Vous avez mis au point un Febreze parfum « personne normalement constituée » qui tue les mauvaises odeurs sans répandre d’atroces saveurs de fleurs de champs quelconques ? Envoyez vos messages en commentaires de l'article ci-dessous

Ecrit par Cousin Cool
Cousin Cool se situerait dans la carrière musicale entre Père Castor, Cousin Machin et Daddy Cool. 30 ans qu’il traîne sa carcasse barbue dans les salles et les studios en tant que bassiste, ingénieur du son et régisseur. Du nord au sud de l’Europe, de l’est à l’ouest de l’Amérique, Cousin Cool a bossé avec les plus grandes divas comme avec les pires crasseux. Dans la famille Cool, il n’a jamais été père ou a refusé de le(s) reconnaître. Mais chez les Cool, on est dans le son de la tête au pied, de père en fils depuis une génération, et peu importe si celui de Cousin l’a abandonné à la naissance. De cela comme de tout sauf du son, Cousin se fout complètement et on le lui rend bien.

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