7 façons d'avoir de la presse sans attaché de presse
Ou l’art d’engraisser à peu de frais les revues de presse pour vos prochaines sorties d’albums
Vous voir décerner de beaux lauriers de la part des chroniqueurs de vos blogs préférés, les « quatre médiators dans Grosse Gratte Mag », des citations teintées de respect et d’originalité telles que « Le deuxième album de la maturité », « Un groupe à surveiller de très près », ou « vraiment super », autant de chroniques, critiques, dithyrambes que vous voudriez voir pleuvoir sur vos productions. Oui mais voilà (comme disent d’ailleurs les mauvais journalistes), vous avez mis tous vos kopecks dans la prod de votre album et tout bien calculé ça laisse donc un budget proche du néant pour en faire la promo. Zero. Nada. Que tchi. Pas de panique. Il y a des trucs. Légaux. Même pas dangereux pour votre santé. Certes, vous avez besoin de lui, ce jeune blogueur suivi par plus de 10 000 likeurs versatiles, de lui le programmateur de radio aussi puissante qu’indépendante, de lui le soutien infaillible qui viens à tous vos concerts, de lui le chroniqueur dans ce magazine huppé dont on a l’impression que seuls les parisiens à mèche peuvent l’atteindre, de lui le Michel Drucker qui fait mouiller les ménagères depuis son canap’ tout rouge. Alors pour récolter tout ça, suivons donc à la lettre les conseils suivants. Et en principe, allez hop, à vous la revue de presse à rallonge.
1- Mâchez leur le boulot
C’est bien connu, les journalistes sont soit fainéants, soit débordés. Vous ne rencontrerez JAMAIS un journaliste qui vous dira « ah parfait, envoie moi ton skeud tiens, j’ai aucun sujet sous la main donc balance moi ton dossier de presse et je te cale ça en un petit copier/coller dans la prochaine édition! ». Non, ce que vous entendrez sera la plupart du temps le silence. Et quand il sera brisé, ce sera pour le faire en même temps de vos rêves, car ces personnes ont bien d’autres chats à fouetter que de répondre à ceux ou celles qui n’appartiennent pas à la caste de leur petite cour d’attachés de presse. Donc pour passer plus facilement entre les mailles de leurs filets, commencez par proposer un contenu cohérent sur tous vos supports, et envoyez un dossier de presse intelligemment présenté, avec une version synthétique des faits et quelque chose de plus rédactionnel. Clair, sobre, pro, et cohérent.
2 – Choisissez vos infos, ciblez vos interlocuteurs
Pour être un peu sérieux, reconnaissons (pour au moins ne pas se fâcher avec ceux d’entre eux qui sont nos amis) que nombreux sont les personnes qui travaillent dans la presse au sens large à être finalement comme tout le monde. Débordés. Donc ne les abreuvez pas de toutes les infos qui concernent vos fans, ou peut-être même vos mamans. Epargnez-leur vos emails qui évoquent les moindres sons et gestes de votre carrière naissante, par contre quand vous estimez qu’une info est digne d’intérêt, envoyez là de façon privilégiée aux contacts les plus à même de la relayer. Il sera bien plus efficace d’envoyer une message personnalisé à 50 contacts triés sur le volet pour leur intérêt sur votre groupe/style, qu’un emailing de masse envoyé à la base de données de journalistes que vous avez récupérée de votre pote qui a fait un stage chez Ouest-France en 2007.
3- La presse c’est comme l’amour, il faut la nourrir constamment pour mieux l’attiser.
Ne faites pas l’erreur de vous reposer sur vos lauriers journalistiques en encadrant votre première chronique au dessus de la porte de votre local de répèt et en la regardant béatement. Le monde de la presse est fait de telle sorte que l’on se battra toujours pour être celui qui connaissait avant les autres les nouveautés que vous présenterez. Donc enlevez ces lauriers de leur cadre et profitez de vos prochaines sorties pour les montrer à de nouveaux faiseurs de références. Il n’y a rien de mieux pour éveiller l’intérêt de Nancy que de lui laisser entendre que Brenda vous a trouvé mignon, c’est le B.A.BA de la psychologie journalistique, également entrevue dans les Feux de l’Amour ou dans Premiers Baisers.
4- Le meilleur moyen d’avoir des chroniques dans un blog : créez votre propre blog.
ConfliktArts ne se contente pas de presser vos albuns et fabriquer vos Tshirts, il permet à pas mal de musiciens de trouver à travers ce blog des infos utiles sur des techniques, des codes ou des témoignages avisés du métier. Faites donc de cette auto-promo (ben oui, y a pas de mal de temps en temps après tout) la votre. En d’autres termes, mettez à profit votre expertise sur certains sujets pour la partager avec d’autre, avec pour effet collatéral de faire toujours mieux connaître votre musique au plus grand nombre. Ainsi, un gratteux canadien qui aura trouvé une page de votre blog correspondant au set up très particulier que vous avez mis en place lors de votre dernière session studio, aura de grandes chances de cliquer sur l’écoute de votre son et finira peut être par commander votre vinyle et vos lunettes sérigraphiées.
5- Donnez le même crédit à chacun
Si à court terme il semble plus intéressant de payer un verre à la rédac chef d’un magazine huppé que de prendre la carte d’un blogueur inconnu à votre stand de merch, sachez que le monde très mouvant de la presse fait que dans quelques mois ou années, le redac chef sera peut-être loin en train de se défaire des casseroles qui lui auront poussé à l’arrière-train, tandis que le blogueur sera devenu un personnage imminent de la sphère musicale, qui se souviendra parfaitement que vous l’aviez invité à partager un godet à l’époque, avec le ponte en question. Et bim le renvoi d’ascenseur pour la double page. Dans votre gueule. Et gratos.
6- Faites de la veille pour de meilleurs lendemains
Admettons qu’un chroniqueur connu, ce ceux qui peuvent si ce n’est faire au moins accélérer un peu des carrières, retweete un de vos messages annonçant la sortie de vos dernier titre en téléchargement gratos. Imaginez que vous le remerciez rapidement, sans trop en faire, puis lui envoyiez votre prod suivante de façon privilégiée en lui suggérant cette exclusivité. Imaginez qu’il aime et qu’il propose non plus un retweet mais une ITW. C’est le moment où on peut décemment dire Bingo ! Et un bingo gratos en plus hein attention.
Bon, et ben maintenant imaginez que vous n’ayez même pas prêté attention à son retweet, plus occupé que vous étiez à regarder la finale de la coupe de France de combat de poulpe. Moralité, n’abusez pas des fruits de mer et soyez toujours attentifs à ce qui se dit sur vous.
7- L’habit ne fait pas le moine, donc déguisez-vous comme bon vous semble.
Tel la bonne sœur face au mec bourré, faites comme pour monter une tournée et n’hésitez pas à tromper votre interlocuteur en changeant d'identité si l’idée de vous vendre directement en tant que groupe vous chagrine un peu.