Les mecs bizarres qu’on a tous croisés à un concert
« Quand je te vois, j’hésite entre tu me fais peur, tu me fais pitié, et tu me fais chier »
Les concerts, ces fêtes païennes modernes, ce folklore qui nous ressemble, ces moyens de rendre hommage à la vie en dépit des horreurs qui l’envahissent parfois. Ces rassemblements sont généralement prétextes au partage, à la dilution sociale dans le seul but de se réunir autour d’une musique, à l’oubli de soi pour le meilleur…mais aussi parfois pour le pire, ou juste pour l’étrange, ou l’intriguant. Et ce sont ces personnes qui fascinent ou irritent, que nous vous présentons aujourd’hui.
1- Le mec qui s’intéresse énoooormément à vous
Dans le meilleur des cas on appelle ça un fan, dans le pire on appelle ça un dangereux psychopathe. Vous avez commencé à avoir la puce à l’oreille quand vous l’avez aperçu à l’entrée des loges, à peine arrivés sur votre première date de la tournée, en vous demandant si vous alliez jouer « Rest in Peace, Piece of Shit » ce soir. Le lendemain, quand vous avez ouvert la porte de votre camion pour décharger le matos sept cents kilomètres plus loin et que vous l’avez vu tout souriant, sitôt la porte du camion ouverte, vous avez sursauté et vous avez compris. Depuis, vous le voyez partout, même quand il n’est pas là d’ailleurs, et vous ne savez plus comment répondre à ses questions sur les nouveaux projets, les futurs morceaux, votre vie privée, etc… Il vous accompagne au gré des dates, sans que vous ne sachiez toujours s’il faut se méfier de cet individu qui fait plus flipper le groupe que le soutenir.
La soluce : offrez-lui deux places pour le concert de vos ennemis jurés, ceux dont le public ne sait plus dire qui copie l’autre tellement on a l’impression que vos carrières se suivent, et dites-lui qu’ils recherchent un roadie aussi cool que lui.
2- Le mec ultra bourré (mais pas non plus encore assez)
Dans les concerts de musiques qui tâchent un peu, nombreuses sont les personnes du public passablement avinées qui viennent égayer la fosse de leurs saouleries. Mais dans le cas de certains gros arrachés, il arrive que ce soit le groupe qui finisse par être ultra saoulé tellement certains se permettent n’importe quoi. En fait, on reconnaît ces individus par leur manière d’agir, dont tous les symptômes prêtent au diagnostic évident du mec dit "uuuuultra bourré" (oui le mec, parce que vous avez déjà croisé beaucoup de nanas dans cet état là qui font autant chier le monde vous ?), mais malheureusement pas assez pour l’envoyer direct à la Croix-Rouge se faire recueillir par des bénévoles qui collectionnent joyeusement les habitués du coma éthylique.
La soluce : lui offrir discrètement une pinte de l’eau de vie qui a emporté votre super papy la première fois qu’il l’a mise au point. Il vous avait glissé à l’époque : « tu vois fiston, ça c’est le futur de la biture, tu veilleras sur cette recette et elle te rendra sûrement riche ». A défaut de pognon, elle permet au moins d’éliminer les gros relous sans trop de soupçons.
2- Le mec qui scotche
Quelles que soient les conditions du concert, on arrive en général à apercevoir les quelques premiers rangs, et il arrive que parmi les fans et curieux qui tiennent à pouvoir compter vos boutons d’acné, se trouve un individu qui semble parfaitement ailleurs. Les yeux dans le vide, immobile et hagard, il semble être tombé dans un champ de marie-jeanne comme Obélix est tombé dans la potion, il scotche, genre double face quoi, il a l'air plus bloqué qu'un périph' parisien un jour de manif nationale. Vous avez beau essayer de déporter votre regard vers des personnes plus dynamiques, cette statue de cire (et de ganja) ne cesse de vous ramener à tout un tas de questions existentielles et vous détourne peu à peu de votre concert. Cette impression est encore facilitée lors des concerts où tout le monde semble s’être passé le mot pour rester à cinq mètres de la scène, et que lui seul est venu se poster à quelques centimètres de vous, comme pour mieux vous imprégner de sa folie.
La soluce : remplacez la gnôle de papy par un bon jus d’orange pressé, avec quelques grammes de vitamines C supplémentaires et offrez-lui le breuvage. Ensuite, portez le regard loin au dixième rang grâce à une minerve à n’utiliser que dans ces cas précis où le premier rang est franchement dérangeant.
3- Le mec qui fait une blanchette
Ce type de personnes est souvent lié aux personnalités décrites ci-dessous. Il arrive en effet que le mec qui scotche commette en quelques secondes, une petite blanchette. Ce cas de figure peut également arriver à toute personne, normalement constituée, mais qui se retrouve atteinte en quelques secondes du syndrôme dit « de la blanchette ». Qu’il s’agisse d’un abus de drogues quelconque, d’une petite crise d’agoraphobie ou de claustrophobie, vous vous retrouvez en général avec un individu capable de passer en une fraction de seconde d’un teint rosé et bien portant, au gris, puis au blanc fluo en l’espace de quelques secondes. La conséquence est dans la majorité des cas un évanouissement, ou plutôt un tombâge dans les pommes insoupçonnable, qui finit souvent la gueule sur une bouche d’égout ou dans les bras de personnes du public qui commencent à hurler.
La soluce : vous êtes sur scène et ne pouvez pas faire grand chose pour la personne atteinte de blanchette. Contentez-vous d’une vanne bien fine du genre : « encore un qui n’a rien trouvé de mieux pour avoir un album gratos », ou « ça fait souvent ça quand on nous voit la première fois », ou encore « Dis donc elle a l’air bof bof la coke par chez vous »…
Existe aussi en rougette...
4- Le mec qui veut tester ton instrument
Avant, pendant, après le gig, on a tous connu un geek du matos qui commençait par une question type « elle est au moins de 72 cette strat nan ? », pour enchainer très peu de temps après par un « et y a moyen d’essayer ? », avant que ça finisse dans un bain de notes dignes de vos pires visites dans un magasin de musique.
La soluce : répondre direct que l’instrument n’est pas vraiment à vous mais plutôt à la première personne que nous avons décrite dans cet article, qui vous le laissera sûrement essayer si vous l’emmenez à plus de sept-cent kilomètres d’ici.
5- Le mec chelou avec son catogan ses petites lunettes et son énorme appareil photo
Ah ben ça c’est facile, vous êtes sûrement du côté de la capitale, et ça n’est autre que Robert, à qui on a déjà posé quelques questions par ICI.
La soluce : laissez-le donc bosser, ou alors posez lui des questions lorsqu’il n’a plus l’œil vissé à son appareil, il sera sûrement content de vous répondre.
6- Le mec qui monte sur scène
Amour du slam, amour des musiciens, amour de voler le show aux artistes, amour qu’on voit sa gueule le plus possible, le mec qui monte sur scène le fait rarement juste une fois, discrètement. Non, il semble tester votre patience, ainsi que celle du public, que ça amuse assez vite avant que ça n’irrite vraiment aussi la sécu. Les responsables de cette dernière finissent par lui mettre un petit taquet discret tout en le balançant de scène pour la huitième fois, histoire de lui faire comprendre que votre premier slam n’était pas forcément une invitation qui lui était destinée et que non, il ne sera jamais un membre supplémentaire du groupe. Sans doute d’aucun groupe d’ailleurs, à part peut être les GRA (gros relous anonymes).
La soluce : équipez votre micro perso d’un tazer intégré et au prétexte de lui faire chanter le prochain refrain (ce qui le surexcitera sûrement), collez-lui une bonne décharge. Effet pyrotechnique assuré, et gros titre des journaux le lendemain matin, sans que personne ne puisse vous accuser de quoi que ce soit à part de faire participer même les plus relous à vos concerts. Buzz assuré.
7- Celui qui filme votre show avec une tablette
Déjà qu’il est assez compliqué de jouer devant une marée de smartphones à certains concerts, il arrive que des abrutis trouvent excellente l’idée de ramener leur maximega Ipad et de le tenir à bout de bras pendant une heure histoire de ne rien manquer de votre prestation, comme si certaines personnes du public avaient besoin d’un retour vidéo. Que certains postent des vidéos de vos concerts sur le web sitôt celui-ci fini, passe encore, mais qu’il y en ait qui se trimballent avec une tablette en guise de caméra ça vous donne des envies de violence.
La soluce : et bien la violence justement, mais déguisée évidemment. Faites par exemple mine de jeter au public les baguettes de votre batteur, mais visez précisément le précieux objet. Trop occupé à le tenir, l’imposteur ne verra même pas les armes de bois venir s’écraser contre la lentille de son engin. Et sinon y a toujours ce débat auquel on vous renvoie.
8- Celui qui chante
Il avait sans doute inspiré un peu Michel Berger, et lui aussi il vous aime passionnément, énormément, à la folie, beaucoup trop. N’attendant pas que vous enjoigniez le public en tendant votre micro et en collant votre main à demi fermée contre votre oreille pour reprendre les paroles de votre dernier tube, ce brave homme connaît tous vos textes par cœur et compte bien le prouver à toute la salle. Même lors des ballades, il hurle son amour de votre prose depuis la première note, et commence à vous rendre fou vous et votre public.
La soluce : afin de ne pas jeter l’opprobre sur cet emmerdeur de classe internationale et d’éviter de passer pour un relou, procédez entre deux morceaux à un vote démocratique à main levée de type « qui vote pour que le monsieur qui chante, oui, vous monsieur, là, juste là, faites pas votre étonné on a tous grillé que c’était vous depuis trois morceaux, et bien qui vote pour qu’il ferme bien bien bien sa gueule jusqu’à ce que la salle soit définitivement vide ? » Et la démocratie parlera.
Vous trouvez que ce post est un peu bizarre lui aussi ? Vous avez croisé des gens en concert encore plus chelous que ça ? Dites nous tout en nous contactant sur le blog par ici, ou en questionnant directement l'auteur par là.
L'auteur : Cousin Cool se situerait dans la carrière musicale entre Père Castor, Cousin Machin et Daddy Cool. 30 ans qu’il traîne sa carcasse barbue dans les salles et les studios en tant que bassiste, ingénieur du son et régisseur. Du nord au sud de l’Europe, de l’est à l’ouest de l’Amérique, Cousin Cool a bossé avec les plus grandes divas comme avec les pires crasseux. Dans la famille Cool, il n’a jamais été père ou a refusé de le(s) reconnaître. Mais chez les Cool, on est dans le son de la tête au pied, de père en fils depuis une génération, et peu importe si celui de Cousin l’a abandonné à la naissance. De cela comme de tout sauf du son, Cousin se fout complètement et on le lui rend bien.